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 hide and seek. (isaac)

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Charlie MacDermott
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MessageSujet: hide and seek. (isaac)   hide and seek. (isaac) EmptyLun 12 Juin - 23:31

« Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. »

Qui me tiendra, quand tu iras décrocher toutes les étoiles?


12 Juin 2017, Galway
Aujourd'hui, photographie du célèbre pont de San Francisco. La chose la fait rire, rêve américain si éloigné de la réalité. C'est ça qu'elle déteste chez la carte postale,  l'image parfaite et conforme, celle qu'on envie. Elle ne prend même plus le temps de lire les banalités de ses parents, celle qu'elle prenait pourtant la peine d'admirer, enfant. Maintenant, ça n'a plus aucun sens comme une chanson d'amour que l'on chanterait à la première venue. Alors, elle saisit la carte postale, la triture avec désintérêt et la balance sur une pile où elle rejoint toutes les autres. Un jour, elle prendra le temps de répondre, là, ça ne l'importe peu. Charlie enchaîne le quotidien, habituée, lassée par un rythme qu'elle a sans doute perdu. Seconde, minute et heure perdurent, rien ne change, esprit toujours perturbé par la même époque. Rien n'a vraiment changé. Elle s'approprie du bout des doigts un carton de pizza graisseux abandonné sur le parquet en bois, quelques canettes vides et enfile le tout à la poubelle. Le regard perpétuellement vide à la quête d'un sentiment perdu. Elle s'habille d'une modeste chemise à carreaux, d'un jean au bleu clair délavé, d'une paire de simples baskets, et part vivre. Consommer, travailler, être payer, gagner, perdre, dépenser. Aimer, bien loin du vocabulaire qui qualifie le train-train de l'existence misérable. Vrombissement, un écran s'allume, affiche le visage enjoué de son collègue, téléphone vert sur lequel son pouce glisse en vitesse. Elle baille, toujours égarée dans un ennui sans personne pour la retirer de là. Haut parleur, elle s'affale sur son matelas en étirant les bras.

"Allô? Allô?
- Vous êtes sur le répondeur de Charlie, laissez un message après le bip. Bip.", réplique-t-elle sans honte, farouchement.

Elle n'a même pas peur d'être prise à son jeu, elle mime le répondeur, écoeurée à l'idée d'avoir à répondre. Parce que répondre, ça voudrait dire exister, ça voudrait dire parler, ça voudrait dire prendre le risque de craquer, ça voudrait dire avoir quelqu'un d'autre que lui au bout du fil. Aujourd'hui, jour de nostalgie, jour de douleur infâme, de silence maudit, d'adieux que l'on méprise. De mots que l'on a tu, et qu'on n'a plus la force de dire. Jour où elle a décidé de ne plus revoir Isaac. Du haut de ses dix-sept ans, espoir d'un amour comprimé, abandonné. Qu'elle n'a plus la force de croire. Alors aujourd'hui, sans remord, que des regrets, elle ne fera que visiter le temple de leur idylle, les boutiques suédoises où l'on aligne étagères, tapis, et matelas. Pas de crêpe à vendre sous la chaleur printanière, pas de sourire à mimer devant un gosse arrogant. Juste elle, qui revisite leur temple perdu. Sans lui. Alors en faisant traîner ses semelles blanches, elle se laisse guider par les souvenirs pour ne pas oublier, pour se remémorer, pour aimer encore un peu. Le magasin lui semble familier, et pourtant si vaste. Les visiteurs s'y perdent souvent, pas elle. Ce ne serait pas se perdre que de profiter du lieu, c'est flâner, et admirer le bois en s'imaginant, elle, lui, dans les draps, riant comme des gamins irresponsables. Ils étaient pas prêts pour une responsabilité à gérer à eux deux, alors idiote, elle a voulu être responsable toute seule. Connerie. Charlie sort de la poche arrière de son jean une tablette de chocolat bien emballée. Quitte à déprimer dans l'honneur des règles. Elle croque dans un morceau lorsqu'un homme brun et trapu surgit de sa droite, tout sourire. Elle avale en vitesse le morceau, et sa gorge fait un mouvement disgracieux qu'elle camoufle d'un toussotement d'autant plus maladroitement. Elle tend l'oreille alors que son interlocuteur tente tant bien que mal de garder de son sérieux.

"Madame? Bonjour, puis-je vous aider? Cherchez-vous quelque chose en particulier, peut-être?" demande-t-il, non sans préserver son expression d'imbécile langui.

Elle reste bouche bée, elle hallucine. Si elle cherche quelque chose. Elle a envie d'hurler, de foncer dans un mur, de rentrer son visage dans un oreiller. Elle n'y croit pas. Si elle cherche quelque chose. Elle n'a plus rien à chercher. Sur le coup, l'envie de lui arracher les yeux, quoique extrémiste, lui semble tout à fait raisonnable. Isaac, il mérite bien plus que les conseils et les questions d'un vendeur avare. Il mérite le silence, les rires, et les larmes. Et sur le coup, elle se déteste. Parce qu'il pourrait être là avec elle, à se foutre de la gueule de ce guignole en costume jauni et au sourire dépravé. Mais il n'est pas là, et c'est sous sa responsabilité.

"Non, je l'ai perdu. Je l'ai laissé tomber, je l'ai oublié... La référence je veux dire." elle baragouine en baissant le ton honteuse des syllabes qui se suivent.

Ses prunelles s'égarent sur le sol de plastique grisâtre, et lorsqu'elle bat des cils pour se ressaisir, elle hausse simplement des épaules. Plus rien à dire. Pas d'explication à donner. Le vendeur ouvre la bouche, prêt à relancer le débat. Il se tait, et il part. Il ne peut pas comprendre mais il comprend un éclat de toute la vérité. Il comprend qu'elle est folle. Puis, elle se fige. Visage familier, si familier, trop familier. Paralysée, immobile, elle analyse chacun de ses traits, les contemple d'une fascination déraisonnable. Lui, là, elle, ici. Eux, partout, quelque part. Elle le voit qui se retourne, un regard. Un seul. Mais qui lui suffit pour le reconnaître, définitivement. Un regard qui la transperce dans sa perfection. Alors, en espérant ne plus exister, elle lui tourne le dos en vitesse et fonce dans la salle aux placards tous entassés, et alignés. Elle rentre dans l'un d'eux au hasard, et retient sa respiration. Ca fait tout drôle d'avoir de nouveau le souffle coupé.

 


crackle bones


Dernière édition par Charlie MacDermott le Mer 21 Juin - 10:52, édité 5 fois
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Isaac Napkey
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MessageSujet: Re: hide and seek. (isaac)   hide and seek. (isaac) EmptyMar 13 Juin - 18:03

hide and seek

Tes semelles claquaient sur le sol crasseux, tes yeux se perdaient ici et là, fantôme errant entre ces interminables allées. T’étais présent sans vraiment l’être. Tu cherchais sans jamais trouver. Un éternel recommencement. Comme un vieux film que l’on aurait vu et revu un millier de fois, tout te revenait soudainement. Ses éclats de rire qui résonnent entre deux allées pour venir mourir un peu plus loin, vos deux corps qui se fondent et s’entremêlent au milieu d’une chambre hors de prix, effleurer du bout des doigts une vie parfaite, une vie idyllique, une vie. Tu te surprenais à sourire. C’était léger, presque imperceptible, mais c’était là, c’était bien là. Elle se dressait devant toi, rempart au monde extérieur, aux regards indiscrets qui se posent sur ta petite personne, les remarques désobligeante, les corps qui te bousculent, seul au milieu des foules. On venait pour acheter. Tu venais pour te rappeler. D’un bois blanc, d’un bois propre, tu pouvais presque vous y voir, toi et elle, fourrés à l’intérieur comme deux bambins un peu trop aventuriers, un peu trop joueurs, un peu trop rêveurs. Elle était trop grande à présent, remplit d’un vide que tu ne pouvais combler. Film terminé, t’as tourné les talons, la gueule des mauvais jours. T’avais pas d’obligation. Tu pouvais rester entre ces murs une journée, une nuit, une éternité, t’as préféré fuir. Oublier plutôt que de te rappeler, détester plutôt que d’aimer. Tu rasais les rayons, marche rapide, tu ne voulais pas rester, tu ne pouvais pas. Alors t’as cherché, t’as cherché ce que tu voulais, ton but premier, quelques accessoires, un meuble peut-être, ça t’a échappé, comme un mot que l’on a sur le bout de langue et qui nous chatouille, qui nous pique et nous démange. Tes yeux glissait d’un élément à un autre, s’arrêtait ici, se posait là, les allées ne renfermaient plus aucun secret, et pourtant, t’étais un peu paumé, un peu perdu, tout te ramenait à elle, cette conne aux cheveux flamboyants là-bas, ces draps semblables à ceux dans lesquels vous vous rouliez les nuits de folie, et cette armoire, là, devant toi. Longue inspiration. Tu détestais ce magasin, ces couleurs, ces suédois de malheur. Tu détestais le monde entier. Tu te haïssais d’avoir pris quelques heures de ton temps pour venir errer entre ces murs, d’avoir voulu te remémorer les blessures passées, de t’être convaincu que « non, j’y vais parce que j’en ai besoin, parce que j’ai envie de m’acheter cette chose-là, qui me fait de l’œil depuis des mois », prétexte à la con. Il rodait autour de toi, griffes aiguisées, il n’attendait que ton signale pour se jeter sur toi, pour refermer son piège et te dépouiller de quelques billets. T’as soupiré, longuement, avant de l’autoriser à t’approcher. « Vous cherchez quelque chose monsieur ? » Tu cherchais à ce qu’il ferme sa gueule, à ce qu’il s’en aille la queue entre les jambes après avoir montré les crocs. « Ouais, c’truc là… » Ça te chatouillait, ça te démangeait, ça n’arrivait pas. « Le machin pas trop dégueu » Foutus noms suédois. Il a pouffé de rire, un rire faux. « Vous savez, il me faudrait un peu plus de précision pour vous aider. » T’as froncé les sourcils, l’œil noir, pétillant. « Il faudrait que vous fermiez votre gueule pour me laisser réfléchir. » C’était rude. « C’est bon barrez-vous, j’trouverai tout seul » T’avais le poil hérissé, loup enragé. T’as continué ton chemin, quelques lettres, un mot, t’allais trouver, ça te tomberait dessus, comme une évidence, comme une chose enfantine, t’en étais persuadé. Alors t’as parcouru les allées de ce temple aux allures de maison parfaite, d’un pas pressé, déterminé. Ton regard s’est posé sur elle. Tu l’as observé longuement, attentivement, c’était ça, c’était bien elle. Sourire de satisfaction, de soulagement, presque de bonheur. T’as posé ta main sur son bois clair, froid, lisse. Geste libérateur, t’allais pouvoir te barrer d’ici, de cet endroit maudit. T’as attrapé la poignée d’une main ferme, l’ouvrant brusquement pour découvrir l’intérieur. Intérieur habité. Ça t’est pas venu, pas de suite, il t’a fallu quelques secondes, quelques longues seconde pour que ça te revienne. Sa crinière flamboyante, les traits de son visage, surprise. Pas de mot. Pas de son. Juste ton visage, décomposé par la surprise, la douleur d’un souvenir vivant, d’un souvenir en chair et en os. T’aurais voulu hurler, éventrer l’habitacle de bois, balayer son image, son odeur, t’as rien pu faire. Muet. Immobile. T’as détourné le regard. Quelques pas en arrière. Un dernier coup d’œil. T’as disparu, rapidement, t’as tourné les talons avant de t’engouffrer dans une allée, puis une seconde, une troisième, la sortie. Tu ne voulais pas te rappeler, plus maintenant.
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MessageSujet: Re: hide and seek. (isaac)   hide and seek. (isaac) EmptyMar 13 Juin - 23:17



Saloperie. Coeur qui bat trop vite, qui bat trop fort. Souffle haletant. Haine qui brûle, amour qui se consume. Foutu coeur brisé qui l'amène à se cacher dans un placard en bois. Gamine qui veut toujours croire à une suite alors que c'est bien fini. Il viendra pas la chercher, il ne lui courra pas après, elle l'a abandonné, laissé tomber, il ne mérite pas une deuxième fin terrible. D'ailleurs, c'est peut-être balayé pour lui. Une histoire de jeunesse, des traits dont il ne se souvient que vaguement, un corps qui ondule, des éclats de rire bruyants et cristallins. Ouais, ça se résume qu'à ça pour lui. Et puis, pour Charlie, c'est la seule trace d'amour qu'il lui reste. La seule histoire qui vaille vraiment la peine d'être racontée, la seule affection inoubliable, inébranlable et inavouable. Y a eu d'autres instants où ça ne lui manquait pas tant. Moments de soupirs de plaisir, d'extase, de satisfaction brutale, moments assaillie par la musique, où on se fout de tout, on sent les lumières, la chaleur, les corps qui se mélangent, se frôlent, dansent. Mais ça revient toujours, comme une grosse boule au ventre, comme un cancer incurable, une maladie qui ne se soignera pas cette fois-ci. Dos au fond du placard, recroquevillée comme une enfant qui joue à un perpétuel cache-cache. Une adulte qui fuit les responsabilités d'adulte, la responsabilité d'avoir apprivoisé quelqu'un, d'avoir  crée un lien, d'avoir une histoire, un passé, un avenir à assumer. C'était que des gamins tombés amoureux sans savoir ce que c'était, bercés dans leurs baisers, leurs caresses, leurs paroles dont ils s'abreuvaient sans honte. Maintenant, ça revient comme un boomerang. En pleine gueule, à celui qui a lancé l'affaire. Alors, la voilà, toujours dans son placard au bord de la crise. Pas de larmes, que le pouls qui s'accélère. Quelle conne, mais quelle conne. Elle tambourine sur la porte, et l'ouvre d'un coup. Elle l'a sûrement cassé, c'est une habitude. Foutre en l'air ce qui est sur son chemin. Casser ce qui était en parfait état. Puis, ton offensé qui ralentit sa course:

"Madame! Madame, vous n'avez pas le droit de faire ça!"

Elle trotte, en faisant traîner ses baskets. Elle faisait semblant de ne pas l'avoir entendu la haler, elle l'ignore comme il le mérite amplement à ce moment. Et, enfin elle se marre. Elle se marre tout en se retournant pour qu'il voit son regard qui pétille. Elle se marre et alors qu'une fossette creuse son visage, espiègle, elle hurle en tendant et écartant ses bras l'un de l'autre:

"Oh toi, vas te faire foutre! Allez tous vous faire fouuuuuuuuuuutre!"

Attitude malsaine, expression outrée de toute part. Visiteurs choqués. Faudrait laver sa bouche au savon, et son coeur au taser. Figure qui s'élance parmi la foule outragée, chevelure qui se balance au rythme de sa course. Semelles qui claquent désormais sur le goudron. Il est sorti, c'est trop tard. C'est fini, c'est inutile de courir maintenant. Son coeur s'émiette rien qu'en entendant son nom, rien qu'en voyant son visage, rien qu'en pensant à lui, rien qu'à sa suite désespérément, son coeur s'émiette et il n'y a plus de reste. C'est comme le perdre à nouveau, et c'est encore de sa faute. Pourtant, parmi la masse d'irlandais. Lui, tout renfrogné, plein de colère et d'amertume sûrement. Ou pas, peut-être heureux de retrouver une femme et des gosses aimants. Peut-être ignorant du fait que Charlie était là sous ses yeux. Charlie, tortionnaire de malheur, sale lâche qui est partie sans rien dire. Ouais, elle devrait le laisser partir, encore une fois. Mais, ce n'est pas le courage qui la force à enchaîner ses pas, c'est la rage de vivre. On voit la rouquine détaler comme un lapin, le suivant comme un petit chien, l'aimant instinctivement. Elle arrive à sa hauteur et le temps s'arrête. Sa démarche se fait moins rapide, et finalement, pour le dénouement, elle est face à lui, à bout de souffle d'une course puérile. Elle sait pas quoi faire, y a pas de manuel pour ça, y a pas de consignes, d'instructions ou de règles à braver. Y a qu'elle, et les myriades d'envies qui fourmillent. La cadence ralentit, et elle est vide de plans. Pas de plans à suivre, que l'instant à vivre, le courage à prendre.

"Je suis là. Je suis là, Isaac."

Il va la repousser, il va être écoeuré, dégoûté, il va se méprendre, la haïr davantage, mais plus rien à foutre. Le mal est déjà fait, le poison déjà incrusté. Donc, en fatalité, elle pose ses mains sur ses épaules, ensuite sur sa nuque, et enfin l'étreint. Elle ne pleure pas. Elle s'enflamme d'une nouvelle ardeur. Elle sent de nouveau son coeur battre contre son torse.

"Et je suis tellement désolée." souffle-t-elle en désespoir de cause.


 


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Isaac Napkey
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MessageSujet: Re: hide and seek. (isaac)   hide and seek. (isaac) EmptyMer 14 Juin - 2:06

hide and seek

C’était passé. C’était effacé, balayé de ta vie. C’est ce que t’as cru pendant longtemps. Et tu crachais ta colère, ta frustration, ta douleur au visage du monde entier, des étrangers qui t’abordaient. Bête sauvage chassée, blessée, meurtrie. T’as tenté de te relever, tandis qu’une colère naissante au creux de ton ventre te consumait, t’animait d’une haine certaine contre elle, contre eux, contre l’univers. Tu t’imaginais que l’amertume s’atténuerait avec le temps pour ne devenir qu’une chose sans saveur particulière. T’espérais trop garçon. T’as préféré feindre une existence qui frôlait la réussite, aveugle, plutôt que d’assumer une vie ébranlée. C’est peut-être pour ça que t’étais là, au milieu de ce bleu délavé et de ce jaune crasseux. Chercher un semblant de stabilité. Arpenter les allées en prétextant un achat, errer entre les rayons en espérant l’apercevoir. Et, quand finalement tes yeux se sont posés sur cette crinière flamboyante, ces traits fins et familiers, t’as perdu ton peu d’équilibre pour glisser loin de cette sombre réalité. Le monde s’effritait autour de toi tandis que tu ne pouvais la lâcher du regard. Sa silhouette nourrissait ce brasier qui n’avait cessé de crépiter en toi depuis son abandon. Et tu ne disais rien. Et tu ne respirais pas. Et tu ne vivais pas. Elle t’avait brisé une seconde fois par sa simple présence. Comme des bêtes prises dans les phares d’une voiture, pas de mot, pas de son, pas de geste. Finalement, le déni. Le pas rapide, déterminé, tu ne courrais pas, jamais, c’est les proies qui détalent, les faibles, les fuyards. Une direction, puis une autre, l’air frais. Une brise qui te fouettait le visage comme pour te maintenir en vie, comme pour te dire « garçon, respire, tu vas mourir » Alors tu t’es arrêté, au milieu du parking, au milieu des foules, tu t’es arrêté pour remplir tes poumons avant de continuer ton chemin. Tu ne t’étais pas retourné, peut-être qu’elle te suivait, que ses petites jambes s’enchaînaient dans un rythme effréné, peut-être qu’elle dessinait un beau doigt d’honneur de ses maigres phalanges, peut-être qu’elle n’existait pas, au fond. Il t’arrivait, les nuits les plus sombres, de t’imaginer mille et un scénarios incluant des larmes, des poings, des insultes, mais pas le silence, jamais. Et pourtant, t’es resté muet. Ça allait arriver, trop tard sûrement, mais les mots et les phrases se formeront doucement dans ton esprit, et avec eux, les regrets. Arrêt soudain. Elle se dressait comme un rempart ardent entre toi et la liberté. Fantôme qui s’agrippait à te petite personne, souvenirs douloureux, des mots comme des rasoirs. Tu n’avais pas oublié l’éclat de sa voix. Il te revenait souvent comme les relents écœurants de liqueurs après une soirée trop arrosée. Muet. Ses doigts qui effleurent ta peau, ses mains qui caressent ton cou, étreinte comme coup fatal. Le poil hérissé, t’as montré les crocs, soudainement. Tes mains qui délient ce serpent perfide, tes jambes qui reculent instinctivement, et enfin ta voix. « Nan, nan t’es pas là, t’es pas là parce que tu vas te barrer d’ici, tu vas te barre de ma vie, de cette ville putain ! » C’est le moment des regards, les moments des interrogations, des jugements qui fusent d’un bout à l’autre du parking. Ils ne comprennent pas, ils ne comprendront jamais. Tu n’étais qu’une bête hurlant sur une proie frêle et fragile, s’ils savaient. « Ah ouais, super, tu t’excuses, vous avez entendu, elle s’excuse, c’est magnifique, tout va rentrer dans l’ordre! » Les bras au ciel, tes mots qui portent jusqu’aux oreilles des vipères sifflantes autour de votre petit spectacle, et qui nourrissent leur curiosité maladive. « J’ai une putain de nouvelle pour toi, j’préfèrerais te voir crever de toutes les façons possibles et inimaginables, plutôt que de te voir plantée devant moi à t’excuser ! » On s’approche de votre petit monde agité. Quelques kilos de muscles et une gueule des mauvais jours, chevalier servant au service de ton prédateur. Une question qui lui est destinée, tu ne lui laisses pas le temps de répondre. « Evidemment, j’lui hurle dessus donc forcément je suis le fautif, alors vas-y, mets-moi ton poing dans la gueule, prends la sous ton bras et barrez-vous d’ici, allez vas-y, t’attends quoi connard, montre nous à quel point elle a besoin qu’on la défende, putain mon gars si tu savais ! » Rire nerveux, la voix tremblante, vague d’émotions aussi violentes les unes que les autres. Et finalement, des phalanges s’écrasèrent sur ton visage avant que ton corps n’épouse le sol. Éclat de rire.
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Charlie MacDermott
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MessageSujet: Re: hide and seek. (isaac)   hide and seek. (isaac) EmptyMer 14 Juin - 13:47



Honte. Lui qui hurle, elle qui se débat pour pas craquer. c'est d'abord son corps qui se contracte, et qui la repousse. Puis, c'est les mots, eux bien plus douloureux, qui la tirent loin de lui. Elle n'est pas là, non elle n'est pas là. Elle baisse la tête, elle est d'accord, elle n'est plus là. Parce que la seule personne qui la voyait, c'était lui. Maintenant, elle est le fantôme, l'ombre sans visage, sans tendresse. Indépendance rebelle, sauvage. Dans la rue, c'est des moues interloquées, des murmures. Comment ose-t-il? Mais quelle brutalité! La pauvre. Charlie rit aussi, regard rivé vers ses chaussures. Sourire arrogant qui se moque de la situation. Vaut mieux ça qu'éclater en sanglots. Alors, elle sent bien qu'autour le monde bouscule mais elle reste stoïque. Sans oser voir le courroux qui miroite dans ses prunelles, elle n'a pas encore la force pour a. Puis, y a son visage qui tremble, ses épaules qui se secouent, et l'irrépressible envie de pleurer. Il n'y a que lui pour briser son mur de sensibilité, mais ce serait trop honteux de montrer l'émotion, d'assumer le mal que ça fait, de paraître pour la petite victime à sauver. C'est lui la victime, mais il est trop fort pour se l'avouer. Elle a le besoin d'obéir, en respect à sa souffrance, mais elle ne partira pas. Elle l'a trouvé, elle lui doit explications même si ça la brûle de rejouer le rôle de la biche apeurée. C'est sûrement pour ça qu'elle a rien dit. Pour pas être là, en train de brûler vivante. Tourmentée par les sanglots qui veulent éclater, la douleur qui veut s'imposer, la vérité qui retournera la situation, qui le rendra d'autant plus rancunier. Y les voitures toutes rangés, lui les bras tendus vers un ciel ingrat et cruel, et elle qui recule de quelques pas en essuyant son nez qui renifle. Peau plus dure qu'une carapace, coeur élastique, suffit qu'elle passe ses doigts sur son teint de porcelaine pour que les larmes cessent de couler et qu'elle plonge sans vergogne ses yeux verts dans ses yeux bleus. Moment de faiblesse face à l'unique amour qui la brise. Chouineuse de trois ans qui reprend la carrure d'une femme de trente-trois.

Tout va rentrer dans l'ordre. C'est marrant, avec un petit accent anglais, et sur un ton posé, elle pourrait presque y croire. Mais ça sonne faux, parce que ça l'est. Il se fout de sa gueule. Les excuses suffisent pas, mais la réalité, ce serait trop blessant, trop violent, ça écaillerait sa peau, ça la râperait tout du long, ça souillerait le passé, et le présent. Parce que la maladie, c'est jamais vraiment fini. Ca emporte un bout d'innocence. Et parfois, ça revient alors faut continuer d'imaginer que ce sera jamais fini. Ca peut toujours revenir et tuer. Mais là, il dit les mots, qu'on dit bien trop souvent, qu'on regrette la plupart du temps. La voir crever, voilà ce qui assouvirait un certain plaisir malsain de vengeance. La pulsion est sûrement là, cette voix légère qui lui dit de foncer de l'agripper à la gorge et d'ôter une vie qu'elle mérite plus en ayant gâché la sienne. Mais, Isaac, c'est pas un salaud. Pas vraiment. Alors quand il dit qu'elle serait mieux enterrée, ça l'affecte pas tellement. Parce que ça n'a pas vraiment de sens, du moins, elle s'en persuade. Il ne le pense pas réellement, voilà ce qu'elle se dit pour se rassurer. Sinon, elle aurait mieux fait de crever de sa leucémie. Et, les autres rappliquent avec leur danse habituelle. Danse hypocrite, danse du curieux, danse de malfrat qui dépasse la limite, qui fait monter la tension. Danse de celui qui se veut prince charmant, héros du jour. C'est pas une danse, c'est un coup de poing dans la gueule. Mais, tout est plus joli avec d'la poésie. Fallait sûrement pas le provoquer, ça lui donne d'autant plus l'impression que c'était raisonnable. Il y a cet instant où elle reste immobile. Puis, elle rejoint le corps étendu, retire sa chemise pour dévoiler un débardeur troué de modestie, et l'installe en oreiller sous la nuque du blessé.

"Vous êtes vraiment con! Cassez-vous putain. Vous voyez bien qu'il saigne. "

Y a des gros bras qui veulent la forcer à se relever pour lui infliger moins de violences. Pourtant, c'est la seule déchirure qui lui fait du bien. Un visage en sang, ça ne fait jamais peur. Sauf quand il nous est familier. Elle frappe à petits coups de poings sur le torse bombé du héros qui veut l'éloigner du vilain garçon. Il comprend pas. Elle sent son corps qui s'enferme dans l'espace étroit qu'il forme avec ses bras. Et, finalement, d'un glissement, elle se retourne pour le claquer de toutes ses forces. Là, il la lâche. Gens toujours choqués. Tant pis. Elle revient près du corps, corps dont elle a tant rêvé. Corps qu'elle n'a jamais oublié. Elle ose plus le toucher, ça l'énerverait trop. En conséquence, elle se pose sur lui, les deux genoux entre ses hanches, les deux mains au dessus de ses épaules, le tout sans que leur corps n'ait aucun contact. Elle l'observe. Admirative de son visage presque parfait. Désormais, la tentation est trop grande, elle dépose sa main légère sur son torse, au niveau de son coeur pour l'entendre encore une fois battre.

"Ca va? Tu as mal? Je sais que tu veux plus me voir, mais fais pas le con. Laisse moi t'expliquer. Je voulais pas partir. Je voulais pas partir."

Grosse bouffée d'inspiration, panique qui la fait tressaillir. Puis ses doigts viennent se poser contre sa tempe. Elle remue sa tête dans tous les sens en répétant sans cesse ses derniers mots, je voulais pas partir. Crise d'angoisse qui la rend folle, homme dont elle est folle.

 


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Isaac Napkey
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MessageSujet: Re: hide and seek. (isaac)   hide and seek. (isaac) EmptyJeu 15 Juin - 3:10

hide and seek

Tu sais pas trop à quel moment ça a foiré, à quel moment ton monde s’est embrasé, univers au gout amer. Elle a allumé le brasier. Tu l’as nourri toutes ces années. Ça t’est retombé dessus, sans prévenir, ça t’a brisé. Feindre une vie rangée quand tu t’obstines à t’éloigner du troupeau, la détester alors que t’as envie d’elle, t’es pas cohérent garçon. Tu t’amusais à jeter de l’huile sur le feu, souvent, errer entre ces allées, vieux amis que t’avais vu mille et une fois, espérer tomber sur ses cheveux flamboyants, t’as regretté, retour de flamme. T’as tourné les talons pour te protéger, ignoré son fantôme, son emprise toxique, exorciser ce souvenir vêtu d’un costume de chair et d’os, t’espérer la voir disparaître, se perdre loin de toi, loin d’ici. Si seulement. T’avais pas calculé la suite. Elle s’accrochait à toi, tenace, forte, sangsue humaine qui refusait de te laisser partir, qui refusait de voir ton visage s’effacer, et ta présence balayée. Ses mots, ces armes, ses bras, ce piège, lion en cage. Et tu la détestais. Et tu te haïssais. Tu t’en voulais d’avoir envie de refermer tes bras sur son corps frêle, de l’attraper par le bras et t’enfuir loin d’ici, loin du monde, construire un empire à ses côtés, oui, c’était horrible, douleur affreuse qui animait cette haine immonde qui formait ton corps et ton esprit. Alors tu l’as rejeté. Histoire sans espoir. Tu l’as repoussé. Quelques pas en arrière. La folie. La folie d’un homme un peu trop brisé, un peu trop piétiné, celle d’une âme blessée, malmenée, tu hurlais, tu riais, tu bougeais, mais pas de larmes, jamais. Les foules se levaient. Ca spéculait, ça chuchotait,  vacarme désagréable. T’étais perdant. Tu le savais. Alors t’as assumé ton image de sale gosse, unique issue, unique option. Et tu l’as vu arrivé. Chevalier servant d’un serpent perfide. C’était pas de sa faute. Aveugle, ignorant, innocent, il débarquait au milieu d’un film presque achevé, dénouement imminent. Ses phalanges ont épousé ton visage, violemment, douloureusement, tandis que ton corps, lui, n’a eu que le sol froid et crasseux pour le rattraper. Des éclats de rire se perdaient aux oreilles de ces heureux témoins. Le spectacle semblait à la hauteur de leurs attentes. Charognards. Essence vitale qui perlait sur ton visage, écœurante amertume. T’as fermé les yeux, t’as serré les dents, tu pouvais sentir son odeur non loin de ta petite personne, désorienté, t’as pas tiqué, pas sur le moment. Des mots qui se perdaient à tes oreilles, des voix qui s’entremêlaient, t’étais pas avec eux, t’étais loin, paumé dans un monde qui ne leur appartenait pas, confusion totale. Et finalement, son visage qui se dessinait vaguement devant tes yeux. Petite main fragiles sur ton corps. Paroles distantes. Elle déraillait, disque rayé, disque brisé. Tu comprenais pas, t’en avais rien à foutre au fond.  Ta tête qui basculait d’un côté, puis de l’autre, et ta voix, pâteuse, animal amorphe. « Non, non, non » Trois lettres à répétition. Loque humaine écrasée au sol, incapable de te défendre, de montrer les crocs pour faire fuir tes prédateurs. « j’veux pas, j’veux pas de tes excuses, de tes explications, de ta gueule, j’veux pas de toi ici, maintenant, barre toi » C’était rude. Tu te secouais. Un peu plus violemment chaque seconde. Tonnerre grondant qui se rapprochait au fur et à mesure que tu reprenais tes esprits. Ça allait éclater. Une nouvelle fois, encore une fois. Ton dos qui se décollait du bitume, une main sur ton visage, ton sang au sol, t’as commencé à reculer doucement, ramper pour fuir ce traquenard. Ton regard posé sur un charognard, paroles lancées dans le vent. « Putain prenez là et barrez-vous au lieu d’rester à me mater comme ça ! » Ça gronde. « Vas vivre ta vie merde, t’es qui pour débarquer comme ça et t’accrocher à moi après toutes ces années ?! » Ton âme sœur. « T’es personne, t’es rien, tu vaux rien, alors tires toi d’ici » Reste. « Il y a même pas de discussion à avoir, c’était rien, on était rien, quelques mois ça veut rien dire. » Ça veut tout dire. Tu t’es relevé, non sans mal, pour lui faire face. L’œil noir. Mine laminée. T’as observé le monde autour de toi, chaque paire d’yeux, chaque bouche, chaque visage. Et finalement, sa chevelure flamboyante. Une grimace comme point final. Livre ouvert. Tu transpirais le dégoût, mais putain ce que tu pouvais la chérir.
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Charlie MacDermott
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MessageSujet: Re: hide and seek. (isaac)   hide and seek. (isaac) EmptyJeu 15 Juin - 12:57



Silence, enfin. Elle se pétrifie. Ses lèvres se referment et cela, dans l'espoir qu'il en soit ainsi pour l'éternité. Plus de conneries, plus d'explications, plus de mots, plus de poésie. Il crachera dessus, de toute façon. Il se dégage de l'emprise qu'elle veut reprendre, et recule, quand elle, elle reste là, à genoux, à contempler la scène comme une parfaite inconnue. Elle se ressaisit sans qu'on ne le lui demande une fois de plus, ça suffit. Elle ne supporte pas ses cris d'animal blessé, ses accusations qui la transpercent en plein coeur. Chaque syllabe qui sort de sa bouche est une nouvelle torture. Après tout, elle devrait se barrer. Ca mettrait fin au spectacle, fin à l'histoire. Mais, y a comme une enclume qui l'oblige à rester alors qu'elle n'en peut plus. Un truc lourd et pesant qui la contraint à s'inquiéter. Leur passé, et un brin de compassion. Le monde tournait autour d'eux, il chahutait, se murmurait les pires rumeurs, s'interrogeait, se bousculait, se lassait, s'excitait d'une dispute puérile. Elle l'entend, cette foule ahurie. Ces questions qui circulent. Et, ça tourne, ça l'attaque, c'est un bourdonnement violent dans l'oreille. Ca s'ajoute à tout, ça donne l'envie d'arrêter, de s'étendre sur le goudron sale, de revenir dans ses bras, et de l'embrasser comme à ses seize ans en regardant les étoiles. Y a pas d'étoiles. Que le plafond d'un parking grisâtre. Alors, elle se relève en dépoussiérant son jean, et s'abaisse à peine pour ramasser sa chemise. Elle veut la lui balancer à la gueule. Elle aussi, elle veut lui déverser toute sa haine parce qu'il veut plus d'elle et que c'est presque pire que tout. Elle se sent vieille, laide, haïe et incomprise devant le seul homme qui eut un jour connu sa fougue d'antan, qui sut la trouver belle, qui sut l'aimer, et la comprendre. Maintenant, c'est comme s'il avait remis ses lunettes et qu'il voyait en son expression atterrée toute la noirceur de l'humanité.

De nouveau un bras qui l'agrippe au coude, après tout, faudrait pas fâcher le monsieur plus qu'il ne l'est. Et puis, elle doit le mériter, d'un côté, cette salope. Elle fait glisser son avant bras, et tout en se tenant debout, elle s'écarte des gens qui se rapprochent. Elle méprise Isaac, plus qu'elle ne s'en sent capable. Il la rabaisse sur tous les points, elle se sent enterrée de coups de pelle mérités. Elle voit son corps vide, pâle dans le reflet d'une vitre. Et son regard foudroyant tourné vers le jeune homme. Elle assimile chaque notion, les ressent, les sait l'habiter. Elle est personne pour lui, elle est rien, leur histoire, c'est du vent. Un ouragan pour elle, un zéphyr qui emporte sa colère pour lui. Ca ne veut rien dire. Elle se le répète, sans cesse. Comme un sort qui l'envoûte. Pourtant, c'était son seul rempart. Son seul trésor, aussi maigre soit-il. Ses seuls sentiments. C'est lui qui les a bercé, ses premiers amours, et maintenant ce n'est plus rien. Non, non. Ce n'est pas rien. Pas pour Charlie qui se démène intérieurement. Première lutte émotionnelle entre courroux et amour. C'est la rage qui l'emporte. Alors, comme elle en rêvait, elle lui jette sa chemise à la figure. Ses mains frissonnent contre le tissu à carreaux, ses bras gesticulent, animés par la fureur qu'il engendre. Y a enfin quelques personnes qui partent. Y en a même une qui retourne à l'étage, sûrement pour appeler du personnel. Une hystérique et un amant oublié, ça fait forcément paniquer. Faut les comprendre. Faut qu'Isaac la comprenne. Faut qu'il sache. Après ça, elle partira. Y a plus rien à rattraper du fruit de leur passion, il est rongé, et brûlé de toute part. Elle hurle, elle s'égosille, sa voix part dans les aigus.

"T'es qu'un sale con! Et tu sais pourquoi? Parce que, tu mens. TU MENS! C'était pas rien, et tu peux toujours te le dire, ce ne sera jamais rien! Alors, maintenant tu m'écoutes. Et après, je me barre. Après, tu vis ta vie, je vis la mienne et tu m'oublies. Tu sais quoi? Je t'aimais. Et je voulais VRAIMENT pas partir."

Y a un mot qui veut pas sortir. Leucémie, leucémie. Ca revient dans sa tête, ça veut sortir mais ça reste coincé dans sa gorge. Elle fait semblant de chercher les mots, mais y en a qu'un et elle l'a déjà trouvé. Voilà qu'un guignole en costume de vendeur arrive avec deux associés. Elle les voit qui viennent s'incruster dans un semblant de foule. Sa voix se fait plus douce, elle bégaie un peu. Ca s'emmêle, et les mots veulent tous sortir d'un coup. Elle les enchaîne difficilement. Ca lui brûle la gorge.

"J'avais une leucémie. Une putain de leucémie. Je te laisse le plaisir de m'imaginer crever."

Elle lui tourne le dos. Son talon claque comme une sentence irréversible. Et, elle se casse, se perdant dans le labyrinthe aux voitures alignées.
 


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MessageSujet: Re: hide and seek. (isaac)   hide and seek. (isaac) EmptyVen 16 Juin - 1:57

hide and seek

Tu savais pas vraiment si ça allait servir à quelque chose. Ces gestes, ces mots, ce ton, c’était peut-être vain, c’était peut-être violent, t’essayais. Ils se heurtaient à elle, coups de bélier contre ce rempart, le briser, pour dégager ton chemin, continuer de vivre un semblant d’existence stable, fallait tenter. Alors t’ouvrais la bouche et, comme mille poignards, tu lui lançais des propos crus, immondes. Vrai. Faux. Toi-même tu n’arrivais pas à discerner la réalité du mensonge, le pensé du dit, l’amour cruel de cette haine toujours fidèle. Alors, dans le doute, t’as continué, encore et encore. T’as refusé sa main tendue, le dialogue, les explications, c’était peine perdue tu le savais, tu le sentais. C’était trop tard. C’était passé. Le spectacle touchait à sa fin, grand final. T’as traîné ta carcasse hors de son emprise. Et, à nouveau, le monde pouvait entendre ce crépitement sourd. Brasier jamais étouffé. Ta voix qui portait, la foule qui s’agglutinait, ronde infernale autour de votre scène, de votre espace de jeu. Ils s’incrustaient, s’emparaient de votre corps pour les malmener ou les protéger, spectateurs devenus acteurs. Ça t’insupportait. Tempête née de l’entremêlement d’âmes brisées, elle vous appartenait, elle était votre création, votre débâcle, ils n’avaient aucun droit de s’immiscer, d’intégrer ce fléau qui secouait vos petits mondes. Tu serrais les dents quand les mains se posaient sur elle. Et cette chemise venue se marier à ton visage. Et ces regards fuyards, un peu gênés, sûrement amusés. Ça allait, ça venait, ça jetait un coup d’œil par-dessus les épaules, ça soupirait, public lassé. Ses mots se perdent jusqu’à toi, attire ton attention, t’oublies les foules, il y a qu’elle, sa voix, ses gestes, et son visage qui se tord sous ses propos. T’encaissais. Elle avait le droit, elle aussi, de vomir toute cette haine, ses remords, ses regrets, tu ne pouvais la blâmer. Alors tu l’écoutais. Tu l’écoutais par respect, le peu que tu pouvais trouver enfouit en toi. Scène finale. Le dénouement que le monde attendait, que le public réclamait, le bouquet. Plus discrète. Plus posée. Pression d’hommes en costumes bien taillés. Et ça t’est tombé dessus sans que tu ne t’y attendes vraiment. Quelques lettres posées à la suite pour donner un semblant d’excuse, de raison plutôt. La gorge nouée. Sans voix. C’était bizarre. C’était étrange de se retrouver sans rien à dire, sans rien à rétorquer, sans mots à hurler, à cracher, sensation que tu n’avais jamais réellement connu. Elle t’avait fermé ta grande gueule, c’était bien la seule. Alors que ses semelles claquaient le bitume, t’es resté immobile, incapable d’effectuer le moindre mouvement. On t’appelait, on te touchait, t’existais plus. Des années, des hivers, et autant d’étés à chercher l’explication, la raison de son départ précipité, de son abandon, de sa lâcheté. Tu l’avais. Aucun changement. Il était là, il t’écrasait et continuerait probablement encore bien longtemps. Le poids des regrets et de souvenirs jamais vécu. Et ça t’es revenu, soudainement. T’as souhaité la voir crever, tu lui as craché en pleine gueule, c’était peut-être toi le serpent, au fond. Tes yeux qui balayaient cet écurie à tas de ferrailles. Et t’as cherché. Une nouvelle fois. Ca t’était familier. Avoir l’espoir d’apercevoir une crinière flamboyante et les traits de son visage dans cet univers bien trop vaste. T’as couru entre ces monstres de taules, ton regard qui se perd à gauche, puis à droite, et enfin sa silhouette. Fuis moi je te suis, suis moi je te fuis. T’as attrapé son bras avant de la tirer vers toi. Premier contact venu de toi. Frisson. T’as planté ton visage non loin du sien. Tu l’as observé, longuement. Tu la détestais. Tu l’aimais. T’avais pitié. Tu la détestais. Cercle infernal. Quelques pas en arrière pour réinstaurer cette limite, ces quelques centimètres à ne pas franchir pour ne pas défaillir. Et ta voix. « Alors c’est ça ? » Silence. T’attendais pas une réponse, question en l’air.  « T’as cru que j’pouvais pas encaisser, que j’allais te planter comme tu l’as fait, que t’allais me dégoûter, j’sais pas, tu m’as pris pour quel genre de mec ? Non parce que la, faut vraiment que tu m’expliques ce que t’avais en tête quand on s’est rencontré. » Rire nerveux, tu la laisses pas répondre, pas de suite. « Tu veux savoir ce que j’aurais fait ? En fait, j’en ai rien à foutre de ton avis, j’vais t’le dire quand même. J’serais resté, j’serais resté à tes côtés parce que c’est ce qu’on fait quand on est proche de quelqu’un, d’autant plus quand on l’apprécie réellement. » Ton regard qui file quelques secondes et revient son ton interlocutrice.  « T’as peut-être eu la leucémie, mais ça te donne pas le droit de te barrer sans rien dire, ça te donne pas le droit d’abandonner les gens quand ces mêmes gens t’ont aimé bien plus que le reste du monde. » Quelques mètres de plus entre vos deux corps. « Alors t’sais quoi, t’as raison, on va partir chacun de notre côté, vivre nos vies, parce que passer à côté de la mort c’est pas une excuse valable, au contraire. » Parce que toi aussi, ta flirté avec la faucheuse, mille et une fois, à la seule différence que toi, tu l’as voulu. T’as secoué la tête de gauche à droite, rapidement, grimace de dégoût, de frustration. Tu lui as tourné le dos comme elle quelques minutes plus tôt. Retour de flamme.
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Charlie MacDermott
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MessageSujet: Re: hide and seek. (isaac)   hide and seek. (isaac) EmptyVen 16 Juin - 14:52



Tu les entend, ses pas. Tu les reconnais, tu les reconnais parce qu'il y a des années, tu l'as apprivoisé. Et maintenant chaque boutique suédoise, ça te rappelle votre jeu. Ce petit jeu qui s'était instauré, tu courais, il te courait après, il fuyait, tu le suivais. Alors ses pas, tu les écoutais avec attention. Ils révélaient rien, mais tu les avais attendu. Tu les avais bien trop espéré. Mais le voir qui s'accrochait, c'était rassurant. T'as beau dire que c'est un tas d'immondices, un homme cassé et irréparable, une ordure dans sa déchéance, quand tu sais sa main empoigner ton coude, tu frémis de plaisir. Tu le dis pas évidemment, tu montres pas le sourire qui se dessine dans ta poitrine, cette chaleur qui t'anime, t'étouffes l'ardeur qui te prend en le sentant si près. Puis, il recule comme tu devais t'y attendre, faudrait pas que tu rêves, que tu t'imagines des trucs. Il se passera rien, faut reculer comme il le fait. D'ailleurs, même toi, t'effectues un mouvement vers l'arrière pour pas te laisser abattre de chagrin, pour pas te tenter. Et, il rapplique avec ses arguments, sa bonne fois, et son coeur en miettes. Là, tu te sens coupable du vice, de la haine, de cette faim qui te dévore, de ce manque que t'as causé. T'aurais sûrement pas dû partir, t'aurais dû lui dire, mais tu voulais tellement rester la belle rouquine, souvenir idéalisé. Tu voulais pas être celle qu'il avait vu, toute pâle en train de vomir ses tripes, et crachoter du sang, celle qui perd ses cheveux en les tenant dans sa main fébrile. Tu voulais pas être la faible dans l'histoire, et ça t'a tant obnubilé que t'en es devenue égoïste. Tu voulais pas que votre histoire se termine en larmes, alors tu l'as conclu en silence. Le problème, c'est pas que t'as pas cru en lui. C'est que t'as pas cru en toi. Ton corps, tu le voyais déjà pourrir dans la terre, avec un peu de chance des parents et une cadette pour le pleurer. Mais tu voulais pas t'imaginer mourir dans ses bras, parce q'il t'en aurait voulu que tu l'aies laissé t'aimer encore davantage.

Et surtout, parce que t'avais peur, t'avais besoin de lui, ouais, mais t'avais peur. Tu voulais pas qu'il ait peur avec toi. T'avais peur de l'effrayer. Alors, pour pas le perdre, tu l'as perdu. T'écoutes ce qu'il dit, comme il t'a écouté. Parce que désormais, vos mots sortent du coeur. C'est vrai. C'est vrai, putain. Ca te donne aucun droit, juste des difficultés. C'est pas une liberté que d'avoir frolé la mort, c'est un poids. Peut-être que t'as joué avec les limites de la décence avec quelqu'un qui en avait rien foutre, qui t'aimait pour ce que t'étais, et qui t'aimerait dans tout ton parcours. Peut-être que t'as foutu en l'air ce qui aurait pu devenir une vie tranquille, dans une chaumière, avec trois gosses et pour unique valeur l'amour. Trop tard, trop conne, trop protectrice sûrement. Tout ce que tu voulais, c'était le protéger. Il en avait pas besoin. Et maintenant, c'est trop tard et à force de le répéter, tu pourras pas rien dire d'autre que cette fatalité. Trop tard. Le voilà qui fait demi-tour, après qu'il soit passé d'un rictus arrogant de par sa sincérité, jusqu'à l'expression écoeurée. Y a sa silhouette qui te tourne le dos, et tu te souviens de cette carrure, de cette chevelure en bataille, de ce tout derrière lequel tu courais en espérant le voir se retourner, tout sourire, et te perdre dans ses prunelles bleu ciel. Un ciel orageux après les années. Tu te prépares à le laisser partir, mais ça te demande trop de courage, trop de générosité, trop de bienveillance. C'est pas fini. Pas encore.

"Non!"

Déchirement. Silence, pas même le vrombissement d'un moteur. Tu bouges pas d'un poil, tu cilles pas d'un cil, tu cherches juste à formuler tes maux.

"J'avais pas le droit de te faire ça, mais j'avais peur. J'avais peur, ok?, inspiration dont t'as terriblement besoin. oxygène qui remplit tes poumons. dose de courage que tu respires. Et t'avais dix-huit ans, Isaac. T'aurais pu trouver n'importe qui pour me remplacer, t'avais toute la vie pour te trouver une autre fille, je voulais juste... T'épargner du temps. T'es le seul amour qui ait valu la peine, alors ouais, je suis désolée. J'ai merdé. Et j'ai plus dix-sept ans, et t'as sûrement quelqu'un, et puis ce soir quand tu vas rentrer chez toi, tu te foutras de ma gueule, mais là, à cet instant précis, je suis là et je te demande pardon."

T'as qu'une envie courir, l'embrasser, mais tu mouves pas. T'attends juste qu'il se retourne pour admirer encore une fois le regard du bonheur.
 


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MessageSujet: Re: hide and seek. (isaac)   hide and seek. (isaac) EmptySam 17 Juin - 1:09

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 Tu courais pas après les gens. Tu préférais les laisser s’envoler loin de toi. Tu ne retenais personne. Et personne ne te retenait. T’étais un électron libre qui jamais ne s’accrochait. Tu n’aimais pas, tu tolérais. Après avoir glissé une fois dans les tréfonds sombre et douloureux d’une trahison bien trop forte, bien trop violente, t’as arrêté d’éprouver le moindre sentiment pour un humain. T’essayais de t’en persuader du moins. Tu cachais. T’enterrais. Ils ne s’étalaient pas au grand jour, c’était dangereux. Alors quand elle a débarqué sans crier gare, qu’elle s’est plantée devant toi sans prévenir, t’as pu ressentir à nouveau. C’était mauvais, désagréable, t’as détesté. T’as bâti un rempart entre cette vipère et ta petite personne. Tu ne pouvais pas retomber dans ses bras, balayer les regrets et les remords, c’était perdu, c’était trop tard. T’as préféré lui hurler dessus, vomir ces propos crus qui sommeillaient en toi, qui n’attendaient que cette rencontre pour sortir, pour résonner jusqu’aux oreilles du monde entier. Haïr était plus facile que pardonner, que d’écouter ne serait-ce qu’un minimum, t’as toujours préféré la facilité. T’aurais pu continuer de l’ignorer, continuer ton chemin sans prêter attention à ses mots, à sa voix, à son visage, impossible. L’interaction semblait inévitable. La confrontation était de mise. T’avais envie de te barrer, de balayer son souvenir, l’oublier, de rester, d’entendre ses explications pour mieux l’enterrer, pour faire ton deuil. Contre toute attente, cette réponse inconnue, perdue depuis des années, est t’est tombée sur le coin de la gueule. Enorme gifle. Désorientation totale. Tu ne savais plus vraiment où te mettre, où aller, quoi faire. T’étais devenu un enfant, incapable de parler, de bouger, d’encaisser. Tu ne comprenais pas trop ce qu’il venait de t’arriver. T’assimilais lentement le moindre mot qu’elle t’avait lancé à la figure, violemment, cruellement, avant de tourner les talons, de te planter sur ce parking, seul, comme avant, comme d’habitude. Alors cette fois-ci, t’as couru. Pas pour l’aimer. Pas pour pardonner. Pour détester, encore plus intensément. Elle te voyait peut-être comme une âme errante, fuyant le moindre problème, les mauvaises nouvelles, les maladies et la mort. Probablement qu’elle te pensait trop fragile, petite chose tendre et précieuse qu’il fallait protéger du moindre bouleversement. Foutaises. Excuses en l’air. Tu l’avais attrapé par le bras pour le lui balancer à la gueule. Elle n’avait pas le droit de te laisser sur ces quelques propos. Elle n’avait pas le droit d’utiliser la mort, cette fourbe, pour effacer ses gestes, son absence, ses erreurs. Et tu lui a lancé. Et tu t’es barré. Presque. Sa voix qui résonne jusqu’à toi, ton corps qui s’arrête soudainement mais ne se retournait pas. T’étais simplement curieux d’entendre ce qu’elle avait à dire. Eclat de rire. Un rire mauvais, nerveux, agacé. Tu lui a fait face soudainement, te rapprochant dangereusement de sa petite carcasse, tu pouvais sentir son souffle, la chaleur de ses membres. « Non Charlie, t’as pas l’droit, t’as pas l’droit de me sentir ça. » Tu te souvenais de son nom. Tu ne criais pas. Mais ta voix, tremblante, flirtait avec cette frontière qui risquerait d’attirer à nouveau vos fidèles spectateurs. C’était trop dur. Sentiments trop puissants qui, finalement, ont intensifié le ton. Tu hurlais presque. « Je voulais pas te remplacer, je voulais pas de quelqu’un d’autre putain, c’était toi que j’voulais, seulement toi, avec ou sans cheveux, grosse ou maigre, dépressive ou joyeuse, j’en avais rien à foutre, strictement rien à foutre putain, alors me sors pas tes conneries, arrête, stop ! »  Et quelques perles salées qui roulaient. Revers de la main. Quelques pas en arrière. « Nan j’ai personne nan, parce qu’il y avait que toi, j’avais que toi. » Ta voix plus légère, plus incertaine, coupée de sanglots que tu tentais de cacher. « J’ai plus personne. » Et ça t’a ouvert les yeux. Animal sauvage à l’entourage inexistant. Personne pour balayer tes perles salées, personne pour t’enlacer, personne. « Tu m’as détruit Charlie. » Ta tête qui se balançais en avant et en arrière dans un mouvement appuyant tes paroles. T’affirmais tes propre propos. « T’sais pas comment j’ai terminé quand t’as disparu, comme j’ai sombré, comme j’ai détesté le monde entier. » Tu te mordillais la lèvre inférieure, le regard fuyant son image. « Comme c’est encore le cas. » Grande inspiration. T’essayais de reprendre tes esprits. Tu t’éloignais doucement. « Alors non, Charlie, maintenant qu’je sais tout, maintenant que j’peux enfin faire mon deuil et vivre un semblant de vie en essayant de plus haïr le monde entier, de cracher sur la première personne qui veut m’approcher, j’ai plus envie de rien, j’ai plus envie de te voir, de t’approcher. » Parce que ça serait trop dangereux, de retomber dans ses bras.
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Charlie MacDermott
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MessageSujet: Re: hide and seek. (isaac)   hide and seek. (isaac) EmptySam 17 Juin - 2:13



Pas le droit, pas le droit. Tu n'avais pas le droit, et à mesure que tu l'entendais te le dire, ça te torturait encore davantage, ça te rappelait cruellement ton erreur d'adolescente en panique. C'était ce que t'étais, et tu l'es un peu, toujours. Une gamine, une putain de gamine qui aurait pas dû avoir le droit d'aimer autant d'un coup, de donner tout son amour ainsi sans limite, sans loi, sans revers. Amour qui t'a fait croire en l'infinité de la chose. C'était faux. Il y a toujours la nature pour recadrer les âmes poétiques, les besoins de romance, fallait bien qu'elle te rattrape la nature. Et puis, t'avais rejeté, ignoré, oublié Isaac. Tu l'avais abandonné, alors qu'il t'avait dit je t'aime. Enfin, s'il ne l'avait pas dit, c'était tout comme. Tu le savais qu'il t'aimait dans ce temps là, c'était évident, et tu l'aimais tout autant. Il n'y avait pas besoin de se lire, trois mots minuscules et incohérents, ils n'étaient pas nécessaires. Pourtant, ça t'agaçait. Tu te souvenais pas de la dernière ou première fois qu'il t'avait dit ces trois mots. Peut-être que vous ne vous l'étiez pas dit à quel point vous vous aimez. Parfois, y a pas besoin. C'était sûrement ça. Après tout, trois mots, c'est pas assez pour dire à quelqu'un qu'on l'aime vraiment. La vérité, c'est que tu te rassures, en vain, car tu sais que t'aurais du le lui répéter bien des fois. Et surtout, tu aurais dû lui laisser le choix. Partir, rester, fuir, assumer, oublier, aimer. Tu l'as fait pour lui, comme une mère le ferait pour son fils. Amour protecteur, envie irrationnelle de l'écarter du danger des autres, de le priver de la noirceur de la société, de l'empêcher d'assister à ce spectacle. Mais, ce spectacle, c'est la vie et tout ce que tu l'as empêché de faire, c'est de vivre cette foutue vie à tes côtés. Maintenant, tu regrettes, maintenant, t'en viens presque à pleurnicher, maintenant, tu supplies. Et maintenant, tu vois un homme au bord du gouffre, au bord des larmes, qui t'en veut, qui t'en veut parce que t'as gâché sa vie comme t'as gâché la tienne. Il fallait que cet homme que tu fasses autant souffrir, qui te haïsse autant, ce soit celui que tu te sois promis d'aimer pour toujours.

Ses mots, ça fait mal, et ça te soulage. C'est un plaisir de par sa sincérité, une horreur de par sa sincérité. Ce que tu vois, c'est son sang sur tes mains. T'es sale, salie d'un espoir que t'as laissé vivre pendant bientôt vingt ans. Vingt ans pour se reconstruire d'une histoire à pleurer, c'est long. Mais pas pour lui, pas pour toi, pas pour vous, pas pour cette histoire. Et là, t'es achevée, il pleure. Légèrement, juste quelques larmes en élixir de désespoir. Tu sais pas comment réagir face à toute cette vérité. Tu t'étais toujours imaginée qu'après le temps passé, il serait sur son canapé à regarder des banalités, en s'esclaffant d'un rire des fois hypocrite. Désormais, la vérité semble toute autre. Tu t'es adaptée à l'idée qu'il avait une vie idéale et conforme, pour ta propre culpabilité à calmer. Mais, c'était faux, et c'est ta faute. Ta faute. Tu grelottes, presque. Tes jambes tremblent comme du coton, le sol vacille, et t'as envie de t'étendre. Loin de la réflexion, loin des doutes, loin de la couleur de ses larmes, loin de ce regard que t'adorais, embué de larmes dont t'es maîtresse. Alors, il le jure comme il l'a juré devant la foule, il veut plus te voir. T'es un fantôme qui doit retourner au passé. Et sur le coup, t'aimerais obéir, disparaître, crever, lui foutre la paix, juste partir et ne plus revenir. Pourtant, t'en es incapable. C'est physique, c'est scientifique, c'est irréversible, t'es là, et t'as pas la force de lui tourner le dos. Y a ta petite voix fragile, il va sûrement pas l'entendre parmi les bribes de conversations, et les pas qui s'affirment, mais comme si t'étais à bout, au point de mourir, tu élèves à peine la voix pour qu'elle soit audible:

"Mais, je suis là."

Klaxon. Tu rigoles à la figure de l'automobiliste, plus rien à foutre de ce monde. T'aimes que lui, à quoi ça sert de faire semblant, t'es pas dans le politiquement correct, alors une voiture qui ronronne, t'en as rien à secouer. Alors même que la demoiselle au volent hausse la voix, tu plaques tes poings fermés sur le capot, et tu te recroquevilles légèrement, tu te voûtes assez pour camoufler ton visage. Tu sais pas quoi faire, t'es perdue, t'es dans le magasin d'ameublement, à espérer qu'il te court après mais la vérité, elle est là, t'es perdue entre le rayon des tiroirs, et l'alignement des fausses salles de bain, et il n'est pas là pour te retrouver.  C'est à toi de courir alors que la brunette s'apprête à ouvrir la portière pour te rétamer la gueule, impatiente. Toi, tu relèves à peine la tête. Tu lui offres un de ces sourires qui emmerde, et qui s'excuse. Enfin, tu cours à toute allure vers la carrure que t'épousais auparavant. T'as envie de pleurer, t'as tout à déverser, mais tu le fais pas. Par décence, certainement. Trop de larmes, trop de cris pour aujourd'hui, pas assez de tendresse. Encore une fois, le jeu continue, tu te plantes face à lui. Moins d'un mètre, tout au plus.

"T'es ma personne, Isaacc. Et putain, je veux disparaître, je veux te voir vivre heureux, je veux que plus tard, tu sois un vieux con qui ait profité de la vie, sans moi. Mais moi je peux pas. Je peux pas vivre sans toi. Alors, s'il te plaît, montre que t'en as pas rien foutre. Juste aujourd'hui, juste cette fois. Une dernière fois."

T'approches d'un pas, espèce de folle. De deux, et finalement ce n'est plus que quelques centimètres qui t'extirpent de l'idylle. Tu fermes tes paupières, t'inclines ton visage, t'avances dangereusement. Jeu dans lequel tu gagnes, jeu dans lequel tu t'égares, jeu de tourment, jeu de mensonge, jeu de baiser, et de caresses. Les visages sont proches, et t'es là, à attendre un baiser en fermant les yeux pour pas voir la tempête qui gronde.


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